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Les origines architecturales antéislamiques de la première mosquée

Les origines architecturales antéislamiques de la première mosquée

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Les origines architecturales antéislamiques de la mosquée de la première mosquée

Le Sanctuaire de Huqa et la Synagogue de Doura Europos

Les mosquées, lieux de culte de la religion musulmane font partis des grands lègues de l’architecture islamique à travers le monde. Influencées par des siècles d’évolutions constructives et de brassages culturels les mosquées multiplient les formes, les matériaux et les styles architecturaux.

Mosquée Bleue, Istanbul, 1616. Architecte : Sedefhar Mehmet Ağa.
Mosquée Bleue, Istanbul, 1616. Architecte : Sedefhar Mehmet Ağa.

Dans sa définition littérale la mosquée est le lieu où l’on se prosterne. Sa composition spatiale ne répond à aucun impératif d’ordonnancement ou de géométries sacrées et les seules contraintes liturgiques qui y dessinent l’espace sont celles induites par la pratique de la prière collectives. Son expression formelle la plus stricte est celle d’une enceinte délimitant un espace exempt de souillures et orienté vers la Mecque.

Si les architectes ne trouvent pas dans les textes sacrés musulmans de règlements géométriques, bon nombre s’en vont puiser dans les références constructives des premières architectures musulmanes pour ordonnancer leurs architectures. Une de ses références et la mosquée du Prophète de la ville de Médine, une construction datant des premières années de l’Hégire (peu après 622).

Edifice plusieurs fois modifié à travers l’histoire et détruit jusqu’à ce que ne demeure plus aucun vestige de la première construction, c’est un bâtiment à l’origine dépouillé et employant architecture rudimentaire très loin de suggérer le faste et l’élaboration ornementale des plus célèbres des références islamiques. Sans incarner le saint des saints des lieux musulmans, elle cristallise à bien des égards ce qui constitue l’essentiel de la spatialité d’une mosquée.

Organisée selon un plan carré de cinquante mètres de côté, la mosquée du Prophète est composée d’une vaste cour délimitée par une enceinte en brique de terre crue ponctuée d’ouvertures sur la ville et les habitations mitoyennes. Deux auvents le long des murs d’enceinte créent des espaces couverts par une structure légère de bois et de feuille de palmes. Sous ses espaces, adossé au mur de la qibla se trouvait un siège posé sur une estrade accessible par quelques marches, le minbar.

Son architecture est rudimentaire et emploie des matériaux de la construction courante, comme la brique de terre crue et une structure bois légère avec des couvertures en feuilles de palme. Elle s’insère en harmonie avec son environnement et respecte la tradition constructive locale.

Plan de la mosquée du Prophète
Autour de 622

L’Arabie, le pays qui voit se développer l’islam au septième siècle, est une région aride de plaines rocailleuses aux traditions constructives simples et qui ne possède pas d’architecture religieuse. La population majoritairement nomade, est polythéiste, et vénère des idoles : des divinités sous forme de statue, qui occupent les places publiques et les habitations et dont les répliques miniatures sont facilement transportables.

Le cadre, même dans les sociétés sédentarisées, ne profite pas au développement architectural. Les villes sont peu nombreuses et les constructions simples et essentiellement conçues pour s’adapter aux chaleurs torrides qui sévissent la moitié de l’année. De plus la situation géographique du pays dessert les échanges et les apports culturels extérieurs. Cernée, par les mers sur trois côtés, l’Arabie est séparée de ses voisins terrestres, les imposants empires Byzantin et Sassanide, par une étendue désertique qui décourage les incursions territoriales.

Dans toute sa simplicité toutefois, l’organisation spatiale de la mosquée du Prophète n’est pas sans évoquer d’autres formes d’architecture religieuse.

Si la tradition religieuse du septième siècle arabe ne se matérialise pas en architecture, des vestiges d’anciennes pratiques cultuelles demeurent. Elles sont rares et peu nombreuses et il n’en reste que peu de traces aujourd’hui en raison de l’expansion de l’islam et de la politique d’unification religieuse arabe.

Le Sanctuaire de Huqqa est l’une de ces architectures. Datant du IIe siècle av.J.-C. c’est l’un des seuls sites antéislamique fouillés et étudié en Arabie du sud. Le sanctuaire s’organise selon un plan en cour entouré d’un péristyle au centre duquel se trouve une citerne qui laisse facilement présager l’évolution en fontaine centrale, si courante dans l’architecture islamique.

Plan Sanctuaire de Huqqa
Plan Sanctuaire de Huqqa
2ème siècle av. J.-C.

L’architecture juive aussi servira de base au développement de l’architecture islamique. Les emprunts ne sont pas fortuits, le prophète de l’Islam ne cache pas sa volonté d’inscrire le nouveau culte dans la continuité des deux grandes religions monothéistes. Apportée sur le territoire par les différentes diasporas qui agitaient l’empire Byzantin, le culte juif d’Arabie prend place dans des synagogues au plan hippodamien et présente des chaires surélevées par quelques marches auxquelles correspondent les premiers minbar, les estrades des prédicateurs des mosquées.

« Aussi l’architecture d’une synagogue comme celle de Doura-Europos (en Mésopotamie, à l’est de Palmyre) avec sa cour à portiques, sa salle barlongue (plus large que profonde), son escalier vers la cité sainte de Jérusalem, fournit un prototype parfait aux futures mosquées. » (Henry Stierlin, Architrcture de l’Islam, SFL Office du Livre.)

La synagogue de Doura-Europos (IIIe siècle av J.-C.) présentait aussi du côté du mur orienté vers Jerusalem une niche qui indiquait le sens de la prière à la manière des mihrab des mosquées.

Plan de la Synagogue de Doura-Europos
3ème siècle av. J.-C.

Par ses formes et matériaux simples inspirés par les traditions constructives et les conditions géographiques locales, la mosquée du Prophète pose les principes régisseurs du fonctionnement d’une mosquée. Celle-ci se doit de s’insérer harmonieusement avec son environnement, dans le respect de son site et des pratiques culturelles en vigueur.

Son architecture et son ornementation n’ont pas d’importance tant que peut se réaliser la salat, la prière en collectivité.

Soumaya Kécir
Architecte

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